Le village des fous

« 0u est l’étalon ?  » grogna le surveillant, et il leva un fouet menaçant.
Autour de lui, les Indiens restaient silencieux, immobiles. Seul Lucas, le plus vieux du village, eut le courage de murmurer :
« Hélas, l’étalon est mort, señor. il est tombé dans le ravin… .
Avec rage, le surveillant éperonna son cheval et fonca sur la foule. Mais les gens ne firent pas un geste. C’était un homme du maître, le señor don José, celui qui régnait sur l’immense hacienda.
Et qui, en échange de leur sueur, de leur sang et de leurs larmes, leur permettait de survivre…
Un lopin de terre à deux, un peu de maïs et de haricots noirs, et, chaque jour, cinq feuilles de coca à mâcher. Pour devenir chaque jour un peu plus fous, un peu plus idiots, incapables de toute révolte…